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Photographie et Philosophie

J’ai étudié la philosophie, plus spécialement la phénoménologie de Husserl, et j’effectue depuis 2012 une recherche  entre la philosophie et l’art. Je conçois la philosophie comme un exercice dynamique, créatif, de recherche, nourri par une tradition qui donne de l’épaisseur et de la justesse à la lecture du réel. Perçue de cette façon la philosophie peut être une base propice pour approcher, comprendre, et peut-être pour une part participer à la création du réel, via la création d’œuvres.

En photographie je travaille par séries et, pour la plupart de mes projets, je me demande de quelle manière le médium photographique peut permettre de travailler, depuis les particularités qu’il offre, tel ou tel thème, traditionnel en philosophie, comme la Vie, la Mémoire ou l’Identité, condensé en une question qui me paraît centrale car “résoluble”, ou du moins approchable, grâce au médium photographique.

Chaque projet est donc une proposition de réponse, parcellaire bien entendu, et le travail plastique que j’opère cherche à mettre à profit les différents potentiels de la photographie, au service d’un sens dégagé, ou en voie de dégagement. Mon travail vise à créer des images “irréelles”, ou plutôt, en deçà du réel, pour faire écho à la recherche phénoménologique.

Dans ma conférence Le réel et l’apparence dans le cinéma documentaire, j’examinais de quelle manière un cinéma documentaire dit « sensualiste » me paraissait pouvoir montrer davantage le réel, entendu au sens de Merleau-Ponty, qu’un document « objectif », construit pour démontrer.

Dans une autre conférence, sur Le rôle du travail en série dans la reconnaissance de la photographie comme art, j’avais rappelé que le médium photographique a justement trouvé sa légitimé sociale, puis, curieusement le droit d’être reconnu comme art, depuis sa fonction dénotative, documentaire. Un parallèle me paraît donc pertinent.

Mon travail vise à apporter une réponse “ouverte”, dépliant un univers de sens, où la connotation l’emporte sur la dénotation. Le spectateur est invité à se raconter sa propre histoire depuis son éprouvé pour descendre, peut-être, vers un contact plus étroit avec le fond du réel, derrière le réel, par l’usage de la sensualité et de l’imaginaire. Chaque choix de traitement d’un sujet porte donc en lui des éléments de réponses à la question posée, mais chaque image est traitée plutôt comme un support indiciel, en profondeur.

Les sujets photographiés, comme le recours ou pas à un dispositif de studio, surgissent donc en fonction de la nature de la question posée. Mélanger les registres, parfois au sein d’un même projet, place le médium photographique en position de langage, qu’il convient d’utiliser, de telle ou telle manière, suivant l’angle de réponse retenu à la question posée. De même qu’un auteur peut décider d’employer parfois la prose, parfois le langage poétique en fonction du récit, la photographie peut raconter de différentes manières. Et il arrive même que l’usage des miscellanées fasse naître des effets de sens propices à développer certaines thématiques.

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