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Aeme

ou

Le coeur tranquille du chat

Il y a toutes sortes de cœurs.

Le coeur simple, heureux, de Petit Chat Gentil, qui dort, les pattes contre le radiateur.

Des coeurs biens clairs et des plus brouillons. Des pressés, des profonds, des inconstants, des joyeux, le sourire à fleur de songe. Certains sont gracieux, d’autres plus prosaïques. Il y en a des lointains, des plus proches. Des volontaires, des comme de rien. Des gelés, des herbus, des froissés, des charnus. Certains s’envolent, d’autres s’enracinent.

Parfois ils migrent. Vers le front, et le mélange cœur/intellect produit son lot de tiraillements, de questions. Ou ils s'installent sur le nez : “je le sens, je le sens pas”. Il convient d’avoir l’odorat persévérant pour attendre les notes de fond et ne pas s’en tenir aux notes de cœur, celles qui enivrent, mais s’évaporent, encore moins aux notes de tête.

Il y a la courbe cardiaque harmonieuse, celle plus erratique. La puissance du coeur, magnétique, se diffuse en tous sens. A nos insus. On ne peut pas décider de la manière d’aimer de l’autre me dit cet homme que j’aime, oui, comme je peux, souvent aussi comme je suis, lorsque j’arrive jusqu’à ce point où le reste devient du reste. Mon cœur ne se ferme pas. L’ouvert pourrait se fondre dans l'air, toujours plus vaste que nous. Marcher à pas fermes et fixer l’image, la découvrir, au hasard de la rue.

Comme on s’aime, on aime les autres. Ou plutôt comme on ne s’aime pas ? La rigueur du cœur est la seule blessure autonome. La choyer comme on protège l’enfant, la pousse qui s’élève vers l’avenir. Et relever les délicates traces d’une forme qui partout se glisse, sans en avoir l’air, ni même le dessein. Restituer les cœurs au monde, puisqu’aucun, jamais, ne nous appartient. 

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